dimanche 30 septembre 2007

Foutue protection/domination

Je n'ai pas besoin d'être protégée. Je sais me battre. Je n'ai pas de conduite à risque. Contrairement à nombre d'entre eux. Ces alcooliques. Ils veulent me raccompagner chez moi en scooter, complètement bourrés, soi-disant pour me protéger. Je préfère rentrer à pieds. Tous ces paumés accro à la fête, aux drogues, à leur maman : pourquoi me protégeraient-ils ? Je gagne de l'argent. Je n'ai pas de problème d'addiction. Je ne déprime pas. Je suis en pleine forme. Pourquoi des malades, des adolescents attardés, me protégeraient ? Je n'ai pas besoin d'eux. Ils sont en fait en demande de protection. Ils désespèrent de ne pas avoir trouvé un substitut de mère. Ils attendent passivement la princesse charmante. D'un coup de baiser magique, elle réglera tous leurs soucis. Je ne veux pas d'un connard moralisateur. Quand il se sentirait menacé, quand il perdrait les pédales, quand mes raisonnements le mettraient en péril, il me donnerait des leçons. Il projetterait sur moi toutes ses faiblesses.

vendredi 28 septembre 2007

Féministe est un dur métier



Un peu comme Moïse qui, 10 commandements ou pas, devait bien avoir envie de trucider le petit vieux à la traîne pour traverser la mer rouge, la féministe lambda avec sa quinzaine d’impératifs bien en tête ressent souvent le besoin de les transgresser. Hier j’avais terriblement envie de balancer une tarte à la crème dans la tronche d’une jeune fille qui me pétait très sérieusement les ovaires. Mademoiselle je suislecentredumonde –bon, jusqu’ici tout va bien, pas de problème pour moi-, m’invitait à une soirée filles. Du genre filles filles, avec pyjama, vernis à ongles et lecture à voix haute du test « quelle shoppeuse êtes-vous ? ». Quelle conne, putain.
Il n’y a que la représentation qui fonctionne dans ces cas là. Et puisqu’il était question de manucure.

lundi 24 septembre 2007

Garçon, de Koxie

Initialement je comptais simplement le mettre en ligne, sans commentaire aucun. Parce qu'il me plaisait, parce qu'il m'avait touchée, et surtout parce que, mais je déteste ce ton de critique des Inrocks que je ne suis pas, c'est un morceau qui met en scène, d'une façon drôle et espiègle, une fille qui sait répondre aux remarques des hommes dans la rue, une fille qui déclasse et qui remet les choses à leur place, retournant la situation non sans un certain chic. Une fille qui reconquiert son territoire dans l'espace urbain et qui, sans enfoncer les mecs, leur explique quand même que les bonjour mademoiselle suivi d'un je te baise salope, ça va deux secondes mais qu'au bout d'un moment on n'en peut plus mais alors vraiment plus, et qu'il faudrait songer à changer de disque.

Sauf que. Il se trouve que l'auteur-interprète Koxie, à qui je ne demandais pas non plus de se revendiquer féministe depuis trois générations, je peux comprendre que l'étiquette ne soit pas forcément facile à assumer je ne suis pas complètement bornée, tient des propos assez limites. Par exemple, ici ou , on apprend qu'elle adore les machos, qu'elle est contre l'égalité des hommes et des femmes - et là je demande à voix grave, si un-e artiste déclarait, je suis contre l'égalité des juifs et des chrétiens, ne crierait-on pas immédiatement au scandale ? - et même qu'elle trouve ça très bien qu'une femme soit un peu soumise, sans parler de sa passion pour le travail domestique. Et encore, je vous épargne le pire sur les femmes castratrices et les rôles ancestraux qu'il serait bon de restaurer.

Du coup, perplexité, questionnements, réécoute de la chanson. Car si un discours neutre, du type dans ma chanson je décris un truc qui m'énerve c'est juste mon vécu ne cherchez pas de grande théorie derrière, aurait été parfaitement recevable, là il y a quand même du grand écart de haute volée, cherchez l'erreur. Alors je cherche, je cherche. Je repense notamment à son "on t'a pas dit de traiter des femmes comme des princesses ? ", passage que j'avais déjà relevé à cause de princesse, ce mot haïssable tant il empeste le trophée muet et passif offert aux hommes parcourant initiatiquement le monde, mais en fermant les yeux car me disant, c'est pour la rime soyons ouvertes d'esprit et arrêtons de chercher la petite bête partout. Or si vu la nature des propos dispensés lors des séances de SAV, qui relèvent soit de la surenchère sexiste motivée par l'angoisse d'être classée féministe poilue des aisselles, soit de la connerie, soit je ne sais pas, la fameuse princesse prend clairement des allures de bobonne dans sa cuisine mobalpa, la clef du paradoxe se trouve finalement, à mon sens du moins, dans la réplique "y'a un sérieux problème d'éducation", que j'avais, trop optimiste à mes heures, interprétée comme "y'a un problème dans la façon dont les hommes sont éduqués". En effet, quand on lui demande quelque chose comme, mais n'êtes vous pas en train de stigmatiser les lascars des banlieues avec votre chanson (enfin la question je la devine simplement, elle a été coupée au montage, il s'agit de l'interview linkée plus haut), la chanteuse répond comme une fleur que justement, "ce n'est pas une question de milieu social, c'est une question d'éducation" juste après avoir précisé, "moi j'ai été élevée" : on est contente pour elle, et surtout on se réjouit d'apprendre que l'éducation que les parents dispensent à leurs enfants n'est pas fonction du milieu, décidémment les classes sociales c'est désormais complètement has been.

Partant de là, si je résume le message, la chanson est - selon son auteure - juste un coup de gueule contre les vilains garçons mal élevés, leurs mauvaises manières n'ayant aucun rapport ni avec leurs origines sociales, ni avec leur genre. Laissons ici la question des origines socio-culturelles, qui pourtant aurait mérité un développement, car l'exotisation du sexisme semble à la mode ces temps-ci, et concentrons-nous sur le genre. Koxie encore, précise ici : "je ne suis pas contre les mecs, je suis contre les cons en général". C'est beau je trouve, ce combat si politiquement correct contre la connerie universelle, personnellement je suis très touchée et j'en conclus qu'en toute logique, lorsqu'un homme me dis je t'encule pétasse, j'ai juste affaire à une personne particulièrement discourtoise qui n'a pas lu Nadine de Rothschild, et pas du tout à un pur jus du sexisme. Reste une question, tout de même : pourquoi si peu de connerie de ce type-là chez les filles, pourquoi si peu de "salut charmant prince lèche-moi la chatte" entendus dans la rue, en d'autres termes pourquoi la connerie a-t-elle, malgré tout, un genre ? Phénomène que Koxie, en refusant de voir ce que pourtant elle pointe du doigt, illustre à la perfection, car la connerie récurrente des filles, et je ne dis pas qu'il est facile de s'en débarrasser, pas plus facile en tout cas que de celle des garçons, c'est de rester aveugle à la dimension sexuée des rapports sociaux et de ne pas voir qu'il est juste intenable de se plaindre des agressions verbales tout en défendant une répartition traditionnelle des rôles masculins et féminins. En un mot, si tu exiges qu'on te tienne la porte, ne te plains pas que ce faisant on te mate le cul, c'est un package.

vendredi 21 septembre 2007

Pomme d'Adam


La Pomme d'Adam (Adam's Apple)
Vidéo envoyée par JeromeGenevray

mercredi 5 septembre 2007

Des fantômes

Je me retrouve souvent entourée exclusivement d’hommes. Pourquoi ? Je ne le sais pas trop. Disons que les conversations sur les méthodes épilatoires ou l’astrologie versus le tarot ou nos 100 looks préférés ne m’intéressent pas mais, faut pas déconner, il y a des tonnes de femmes qui sont dans le même cas. La question serait alors plutôt pourquoi ces femmes ne sont-elles pas dans les mêmes dîners mondains et masculins que moi. Où passent-elles ces jours-là ? Enigme ultime. Quant au fait que 80% des mes amis soient des hommes, je suspecte en partie un de mes « modes opératoires de socialisation ». Etant donné que je suis un peu huître, que j’ai du mal à me livrer aux autres, d’histoires de séduction, d’une éventuelle intimité partagée, peuvent naître des complicités, des liens. On se « découvre » plus facilement.
Bon, trêve d’introductions. Je me trouvais hier en compagnie de trois de ces spécimens de sexe masculin, dont certains d’entre eux ont dit le plus grand « bien » de ce blog. Un et demi sur trois. Ils étaient notamment horripilés par les chiffres, par le 50-50 des tâches ménagères (« mais quelle horreur de quantifier compter évaluer soupeser, quel tue-l’amour, quelle déchéance des grands sentiments ») et par ce qu’ils qualifient de conversations ennuyeuses et subsidiaires au regard des grandes questions du féminisme actuel qui devraient plutôt nous occuper et que sont les femmes battues, mariées de force, voilées, excisées, etc. Quand je suis avec eux, j’ai tendance à penser, je veux croire, qu’ils me voient comme un des leurs, avec des couilles rabattues sur table et tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes car point d’animosités, point de dossiers compliqués. Nous parlons librement et tranquillement. Ce sont des personnes intelligentes et nuancées, mais mais. Hier, puisque nous avons parlé féminisme et blabla, j’ai remarqué tout de même que : 1) ils parlent énormément de leur sexe 2) ils ont peur que des lesbiennes viennent la nuit leur arracher ce sexe avec les dents 3) ils évoquent des femmes qui, comme des fantômes, ont disparu, qui furent un temps, un autre temps leurs amies et ne sont plus en 3a) précisant leur aspect physique 3b) spécifiant s’ils ont couché ou pas avec 3c) synthétisant l’information, la validant entre eux et l’estampillant d’un sceau définitif.
Ça ne m’avait jamais sauté aux oreilles à ce point. Hier soir en les écoutant je souffris un moment d’angoisse intense, silencieuse et transitoire. Je me demandais notamment 1) pourquoi était-il question d’époques (l’époque machine, l’époque machine bis, etc) et pourquoi ces époques étaient-elles révolues 2) pourquoi, puisque le temps avance quoiqu’il arrive et qu’il est impossible de l’arrêter, eux, représentants masculins, survivaient-ils à ces époques comme des cafards aux explosions nucléaires 3) allais-je moi-même survivre à l’époque présente étant donné que 3a) j’ai un aspect physique de femme soumis à des variations et susceptible d’être évalué sur l’échelle bien connue du thon-canon 3b) j’ai dormi au moins une nuit avec les trois spécimens en question (pas en même temps, on s’entend) 3c) pour ce qui est circulation de l’information, je peux être sûre que ce que je dis sur l’un à l’autre sera répété de l’un à l’autre.
Fatiguée, je me suis ventilé le cerveau dans les toilettes avec des pensées dites « positives » : - après tout rien n’empêche les femmes d’en faire autant (mais en dépit d’efforts insensés de mémoire, impossible de me remémorer un cas semblable inversé)- et -tout ceci n’a rien à voir avec le machisme mais avec l’hétérosexualité-.