samedi 28 juillet 2007

Les "rondes" de Elle

Un nouveau type de marronnier se profile dans la presse de daube destinée aux femmes. C'est celui de « femme, assume tes rondeurs». Sous-entendu, « Nous les journalistes parisiennes, on nous a assez reproché de faire le jeu des anorexiques, alors on innove, on dit, aimez vos rondeurs ». Bullshit ! Il y a deux ans, ma soeur s'est fait arnaquer. Elle s'est dit : « Ah enfin, je vais voir quelque chose qui me ressemble ». Seulement, les filles sur les photos illustrant ce dossier étaient juste un peu moins squelettes ambulants que les autres. Ça l'a déprimée : « En fait je ne suis pas ronde, je suis GROSSE ! » Quand j'avais vingt ans, mes copines m'avaient regardé de travers lorsque je leur avais dis : « Mon mec aime bien quand je prends du poids, ça fait grossir mes seins. » F., ma copine guyanaise, la plus jolie fille du monde, a pris six kilos l'année dernière. Son connard de mec métro lui a rapporté de France une ceinture électrique pour perdre ses formes. Je lui ai dit : « Change immédiatement ! ». Elle a réussi à le quitter pour retrouver son ex créole (le plus beau mec du monde et le meilleur danseur). Il lui a dit qu'il adorait sa nouvelle silhouette. Les créoles, dont la plupart sont des experts de l'amour, le savent bien : les gros culs et les gros seins, c'est le pied. Fille, ne te fais pas avoir par les canons esthétiques érigés par une bande de stylistes PD. Les hommes qui font la mode n'aiment pas les femmes. Surtout, la prochaine fois que ton copain te demande de faire attention à ta ligne, dis lui de se faire un mec.

mercredi 25 juillet 2007

Escort girl

Je m'appelle Viktoria Mertel et je suis née il y a quatre jours. Je suis grande, mince, et sexy. Mes jambes sont longues, ma poitrine généreuse. Mes yeux sont immenses, mon nez retroussé, ma bouche pulpeuse. Mon corps est un pur produit marketing, tout entier designé pour répondre au désir masculin.

Je m'appelle Viktoria Mertel et je n'ai pas toujours été comme ça. J'ai commencé ma vie dans un corps très banal, habillée d'un jean noir et d'un t-shirt bleu. Je trouvais ça déjà trop moulant, trop sexe, trop conforme aux stéréotypes. Alors je me suis coupée les cheveux à la garçonne. J'ai chaussée des lunettes promotionnelles trouvées chez un opticien. Et je suis allée chercher du travail, croyant dur comme fer qu'un physique pas trop racoleur serait un atout.

Je m'appelle Viktoria Mertel et je suis toute vêtue de blanc. Blancs mes escarpins à talons hauts, blancs mes bas couture qui attirent l'oeil sur le haut de mes cuisses, blanche ma minijupe qui découvre généreusement mon fessier, blanc mon string dentelle laçant ma chute de reins, blanc mon bustier de soie au décolleté plongeant, blancs mes longs gants de résille, blanches les ailes de mon dos nu, blancs mes bijoux scintillants.

Je m'appelle Viktoria Mertel et j'avais décroché un job de commerciale dans une boîte de communication. C'était rémunéré à la commission, 10% par contrat obtenu. Soit 50 à 150 linden dollars pour des heures de prospection, de discussion. Ridicule. Et aucun revenu fixe. Aucune protection sociale. Aucun engagement de la part de l'employeur. Alors je me suis ravisée, et j'ai décidé de changer de voie.

Je m'appelle Viktoria Mertel et je passe mes journées à déambuler devant le Havana Club. Je guette le client. Celui que j'accosterai de mon regard fardé de noir. Celui pour lequel je me déhancherai sur la piste avant d'ôter mes vêtements un à un. Celui que j'embrasserai de ma bouche glossée de sang. Celui que je chevaucherai dans une des backrooms du club pour quelques centaines de linden dollars. Celui dont j'accomplirai les fantasmes les plus inavouables. Celui qui, généreux, me donnera un pourboire que je pourrai mettre en poche sans devoir en reverser la moitié au propriétaire des lieux.

Je m'appelle Viktoria Mertel et j'avais de grands rêves en arrivant ici. Voyager, rencontrer, discuter, apprendre. Naïvement je croyais que dans cette contrée les règles seraient différentes. Que dans le monde virtuel aux limites quasi infinies, on pourrait aller beaucoup plus loin que ça. Mais je sais désormais que si sur Second Life le beau n'est pas un fait de nature, mais un effet de codes informatiques, ça ne change pas grand chose. Car au final, on se retrouve encore une fois dans un univers peuplé de poupées Barbie. Moi la première.

mercredi 18 juillet 2007

Jalousie, piège à connes

Elle s’appelait Agnès, elle était sortie pendant trois semaines avec mon mec qui ne vivait pas dans la même ville que moi. Il m’avait rejointe pour les vacances et je l’avais grillé en trois millisecondes. La belle lui avait laissé un petit mot dans la trousse que j’avais ouvert pour écrire je ne sais quoi pendant qu’il prenait une douche. Je me suis cuitée au whisky, j’en ai bu une bouteille presque d’un coup. J’ai dessaoulé trois jours plus tard pour lui écrire une lettre. A Agnès, pas à mon mec à qui je me contentais de montrer ma face souffreteuse de pauvre petite victime cornue. Je déclarais avec exemples à l’appui « fais ce que tu veux mais sache que mon histoire avec lui est intense, brutale, au-delà de l’humain. Personne au monde ne s’aime comme nous ». Je l’écrasais avec les moyens du bord, j’avais vingt ans, elle aussi.

Plus tard j’ai réfléchi. Enfin ! Après 15 ans de lutte contre la jalousie. Je me suis souvenue de mon amie d’enfance qui voulait toujours faire comme moi mais en mieux, je me suis souvenue de la guerre au lycée à la fac en entreprise entre filles qui se mataient de haut en bas, je me suis souvenue. De Maria que j’ai foutue à la porte parce qu’elle draguait sciemment les mecs qui me plaisaient, de tous ces mecs qui nous encourageaient par leur attitude à poursuivre cette guerre qui jugeaient qui d’entre nous était : mieux, plus belle, plus intelligente, plus rigolote, plus fêtarde. Qui. Je me suis souvenue. Des ravages de la comparaison, de la concurrence, de ton cul est mieux fait que le mien, des couteaux dans le dos de notre meilleure amie, de l’anorexie, la boulimie, du marquage de territoire, des filles qui se bouffent qui mordent qui s’arrachent les yeux. Je me suis souvenue de Merteuil qui tue Tournel. Ouf, dans sa chute elle entraîne aussi Valmont

Sacredieu.

Je me suis souvenue des hommes jaloux qui s’en prennent à leurs femmes, eux, qui les tuent. Qui sont solidaires entre eux, qui se tapotent dans le dos qui tout au plus ne se parlent plus quand vraiment ça ne va plus mais ce sont d’autres thèmes d’autres sujets qui entrent en jeu dans leur conflit. Je me suis souvenue de ce que je pense de la propriété et, douloureusement, de m’être approprié d’un homme de l’avoir contrôlé de m’être emprisonnée toute seule grâce à ma jalousie à ma peur de l’autre femme dans une existence étriquée. J’ai voulu posséder, moi, qui voulait avant tout rester libre, moi qui n’ai jamais cru en l’exclusivité. Puis, je me suis souvenue de ma misogynie. Je me suis vue devenir meuf à mecs en soirée souffrant de ne pas pouvoir en placer une souvent mais, bien, au fond, car souvent la seule, donc ayant passé traversé la sélection, je suis devenue comme eux.

Récemment. Récemment j’ai eu du respect des envies de pousser les autres filles de les encourager de les aimer vraiment dans leurs crises d’hystérie dans leurs difficultés récemment enfin j’ai pu ne plus avoir de mépris que pour les traîtres les arrivistes que pour celles qui ne veulent toujours pas comprendre que la jalousie est un piège à connes et qu’elles feraient bien de s’en débarrasser.

mardi 17 juillet 2007

Tu la cunilingueras comme elle te pipera

ou "un devoir conjugal comme un autre".

C'est quoi, ça? C'est le dernier article du wedding stuff que n'énonce jamais le maire ? C'est le 11ème commandement mis à jour pour enfin faire s'étouffer bures et kippas ? C'est la sourate scoop qui fera tomber du lit la moitié - masculine - de l'Afrique?



Non, ça c'est juste spontanément sorti de l'une d'entre nous à 4 bouteilles moins le quart hier soir, remportant illico l'unanimité; ça résumait impecc pour nous toutes une heure d'échanges, d'une précision scientifique, et convergents, sur la complexité de la jouissance et de la découverte de soi, la rareté des partenaires que votre plaisir intéresse, ... et la haute fréquence des alcoolos qui bandent mou.


Mais ce matin, pour élargir et débourrer - eueuh, peut-être pas tout à fait - le débat : petit sondage, petit appel à témoignages.

Femmes, hommes, jouissez-vous ? Femmes, hommes, comment jouissez-vous? Femmes, hommes, êtes-vous sûr/e que vous le/la faites jouir?

samedi 14 juillet 2007

Survivre dans la jungle domestique

Fille, pour des raisons qui te regardent, tu as décidé de t'installer avec ton mec. Dans le même logement, je veux dire. Très bien. Tu n'ignores pas l'état désastreux des statistiques : les femmes assurent près de 80% du travail ménager, contre 20% pour les hommes. Mais évidemment, te dis-tu, ceci ne nous concerne pas : nous sommes jeunes, beaux, amoureux, et surtout, modernes, loin de moi le spectre de la ménagère aux gants mappa, l'exploitation domestique ne passera pas par moi.

Détrompe-toi, ma grande. Ce n'est pas si simple. Il ne suffit pas d'une conjonction de bonnes volontés pour que ça fonctionne. Il faut se battre. Contre toi, contre lui, contre le système. Et ce y compris si vous avez un accord de principe sur le partage égalitaire des tâches. Car les vieux schémas ont la dent dure, et les voeux pieux sont impuissant à les défaire. D'autant plus que l'inégalité est de prime abord difficilement perceptible, c'est ce qui fait toute son efficacité. Elle ne se présentera pas à toi du jour au lendemain, disant bonjour ici la domination masculine, je suis là pour te pourrir la vie pour te bouffer ton temps pour t'abîmer les mains pour te détruire le dos pour imprimer un rictus de frustration sur ton joli sourire et permettre à ton mec de jouir de plus de liberté et de pouvoir que toi. Non. L'inégalité, elle s'installera progressivement, sournoisement, à coup de petits arrangements et d'avancées invisibles. Et quand elle sera trop flagrante pour que tu puisses l'ignorer, il sera trop tard pour la déloger. Alors agis, et maintenant.

Agir, et de quelle façon ? Je n'ai pas la solution miracle, personne ne l'a. Mais j'ai quand même quelques règles de survie à te livrer, histoire de limiter les dégats. Bien entendu, ces balises sont très subjectives, très liées à mon expérience personnelle. Fille, n'hésite donc pas à les compléter, les corriger, les critiquer.

Principe n°1 : Le travail domestique comme son nom l'indique, est un travail. Ce n'est donc pas un service que tu rends, ni un acte d'amour, ni rien de ce genre. C'est du boulot, point barre. Autrement dit, c'est quelque chose qui te prend du temps et de l'énergie. Et ça, c'est précieux. Donc quand on habite à deux, il n'y a aucune raison d'en faire plus que exactement 50,00 %.

Principe n°2 : Plus il y a de choses à faire et plus tu dois être vigilante. L'accumulation des objets, des surfaces et des enfants te compliquera la tâche, tonton Kaufmann a été suffisamment clair là-dessus. Car si une organisation souple est tenable à deux dans un 9m2 sous les toits, elle l'est beaucoup moins avec trois gamins dans une maison de banlieue avec un jardin et un chien.

Principe n°3 : Le flou et l'imprécision sont tes ennemis. Moins il y aura de règles et plus à la longue les choses tourneront en ta défaveur. N'oublie jamais : les règles sont là pour protéger les plus fragiles, et en la matière, il s'agit de toi. Il est donc absolument nécessaire de mettre en place une organistion précise et détaillée, élaborée sur des critères rigoureux et discutés ensemble. Ce n'est pas de la mesquinerie, c'est de la prévention.

Principe n°4 : Le meilleur critère de répartition est le temps. Une heure par jour, tous les trois jours, ensemble, en même temps, et c'est la garantie d'un parage juste pour tous les deux, sans aucune contestation possible. Autre solution envisageable, plus pratique dans les faits mais beaucoup plus risquée : la répartition par "lots" de tâches à effectuer. Cette dernière option est plus facile à appliquer, mais ne permet pas d'assurer une égalité parfaite, ce qui peut de surcroît générer un sentiment de frustration pour celle ou celui qui, à tort ou à raison, pense en faire plus.

Principe n°5 : Une fois les règles fixées, respecte-les. Si c'est à lui de faire la baignoire et que ça fait un mois qu'il n'y a pas touché, ne lève pas le petit doigt. D'ailleurs il y a des douches dans les piscines municipales, c'est aussi tout à fait pratique pour se laver en cas de salle de bain transformée en nid d'algues. Évidemment, si c'est à lui de nourrir le gamin, et que celui-ci n'a pas dîné depuis trois jours, c'est un peu plus délicat, je te l'accorde. Dans ce cas-là, nourris l'enfant agonisant, mais négocie une contrepartie avant ton intervention (et pas après: c'est beaucoup moins efficace).

Principe n°6 : Le travail domestique a, de par sa nature, tendance à être invisible. La crasse, la poussière, le désordre, tout cela se régénère régulièrement. Donc : ne bosse jamais discrètement, ça ne sert à rien, personne ne s'en rendra compte. Au contraire, ce que tu fais, fais-le de préférence quand tu n'es pas seule, histoire qu'il ait bien conscience du temps que tu y passes. Il ne s'agit pas de faire chier, mais simplement de contribuer à une juste représentation par autrui du volume de travail accompli par toi.

Principe n°7 : Fuis la répartition à la proportionnelle comme la peste. Tu as plus de temps que lui, donc tu pourrais en faire plus ? Non, tu n'as pas plus de temps que lui, tu en as autant : 24 heures par jour, ni plus, ni moins. Et si, par choix ou par obligation, il est à son bureau 12 heures par jours contre 6 pour toi, ça ne change rien. Réfléchis. Soit ta situation est subie, auquel cas le temps qu'il te reste hors du travail, tu dois le consacrer à travailler à l'amélioration de ta condition professionnelle. Soit ta situation est voulue, auquel cas il n'y a aucune raison que tu transformes ta décision de te la couler douce en décision de travailler gratuitement à la maison.

Principe n°8 : Clarifie l'aspect financier des choses. Non seulement il travaille plus que toi à l'extérieur, mais en plus il gagne mieux sa vie ? Il suggère que l'argent qu'il ramène en plus à la maison pourrait avoir pour contrepartie un plus gros travail domestique de ta part ? D'accord, pourquoi pas après tout. Mais à une condition : il te salarie en tant que femme de ménage. Car c'est exactement à cela que ça revient. Si ça vous convient, allez-y. Mais assumez-en les conséquences jusqu'au bout, fiche de paie dans une main et balai-brosse dans l'autre.

Principe n°9 : N'oublie jamais ce que le travail ménager te coûte. Oui, c'est chouette une jolie maison bien rangée, mais est-ce l'essentiel ? Pendant une après-midi de ménage, tu pourrais : lire un livre, t'engueuler avec tes potes sur l'avenir du PS, latter ta meilleure copine à Street Fighter II, t'envoyer en l'air avec ton amant, aller à ton cours de théâtre, te remettre à ce projet de roman qui traîne dans ton tiroir. Et demande-toi bien quel genre de fille tu as envie d'être. Tu veux parler de quoi, avec les gens ? Tu préfères leur raconter comment tu as lavé les rideaux et que la dame du pressing est vraiment très gentille, ou bien leur parler de la vraie vie et du monde ?

Statistiques
- Temps sociaux Hommes / Femmes
- Travail domestique chez les couples bi-actifs
- Le partage des tâches domestiques, noeud des inégalités hommes-femmes, article Le Monde
- Les usages du temps, article Économie & statistique
- Une comparaison France / Belgique
- Une comparaison France / Afrique du Sud / Bénin / Madagascar / Maroc

mardi 10 juillet 2007

La fille du pensionnat

Je suis celle qui va te faire baver. Je suis celle qui va t'en faire baver. Je suis celle qui passe outre les tourniquets du métro, qui sort son trousseau de multiples passes. Qui braque une voiture. Je suis celle que tu trouves au volant de ta caisse. Je suis celle qui te dit de dégager. Tu ne m'entends pas. Tu le regrettes : je sors mon rasoir. Je te tranche l'oreille. Tu pars en faisant kaï kaï. Un vulgaire clébard.


Je suis celle que tu prends en stop, que tu voudrais faire payer en nature. Je suis celle qui te branle. Je suis celle qui te branle si bien que tu lâches le volant de ton camion. Je suis celle qui provoque ton accident. Je suis celle que des crétins croient facile. Je suis celle qui vous casse la gueule. Je suis celle qui ne dit rien dans son coin. Je suis la chef du clan.


Je suis celle qui est défiée par sa concurrente. Je suis celle qui ne dévie pas. Mon adversaire est à moto, en combinaison jaune collante brillante. Elle est sexy. Plus que Brigitte Bardot. C'est une jeune Jackie Brown. Je suis celle à qui elle accorde un délai avant l'affrontement. Le temps que je me venge. Je suis celle qui traite à la loyale avec elle. Je suis celle qui retourne à ses affaires.


Je suis celle qui tend un piège. Avec mes comparses nous l'attirons dans une chambre d'hôtel. Cet imbécile y croit vraiment. Je fais partie de celles qu'il baise. Je fais partie de celles qui écoutent ses âneries. Je suis celle qui les enregistre. Je suis celle qui les diffuse via les haut-parleurs du lycée.


Je suis celle qui se fait emprisonner par les protégées du porc. Je suis celle qui se fait ligoter. Je suis celle qu'on décide de torturer à la franco-américaine. Je suis la crucifiée qui se prend des voltes dans les seins, le sexe. Je suis celle qui a une petite culotte blanche, qui sue, qui souffre. Je suis celle qui est désirable. Je suis celle qui est libérée par sa séduisante rivale. Je suis celle avec qui elle veut un duel. Je suis celle qui doit régler ses comptes avant.


Je suis celle qui pactise avec un fouille-merde. Je suis celle qui les entraîne tous dans une gigantesque partouze. Agrémentée par mes complices. Nous sommes mineures. Je suis de celles qui se font niquer par ces pourris. Je suis de celles qui restent de marbre. Je suis de celles qui ne comprennent pas le plaisir de ces chiens. Je suis celle qui est de mèche avec le photographe. Je suis celle qui va les faire chanter, les écrabouiller, les ruiner.


Je suis celle qui déclenche la révolte. Je suis de celles qui cassent l'école. Je suis de celles qui brisent les vitres, lancent le mobilier par les fenêtres, lacèrent les murs, arrachent les rideaux. Je suis de celles qui montent des barricades. Je suis de celles qui attendent les gardes-mobiles. Je suis celle qui brûle le drapeau national. Je suis celle qui fait tout exploser. Je suis de celles qui sont arrêtées. Je suis de celles qui montent dans le fourgon. Je suis celle qui affrontera sa concurrente en prison.


Je suis celle qui enduit son propre corps de poison. Je suis celle qui te le fait lécher. Je suis celle qui se fait capturer. Je suis celle que l'on enchaîne, fouette dans une église, sous la bienveillance de Dieu. Je suis celle qui est couverte d'ecchymoses, de plaies. Je suis celle qu'on avilie. Je suis celle qui est molestée. Je suis celle qui est furieuse. Je suis celle dont les gouttes de sueur perlent sur le front, coulent sur les lèvres. Je suis celle qui a les seins écrasés par les liens.


Je suis celle qui se bat nue dans la neige, seule contre vingt ennemis. Je suis la fille tatouée. Je suis celle qui te fait baver. Je suis celle qui va t'en faire baver.

lundi 9 juillet 2007

Gonzo salope (en guise d’intro)

Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’en ai marre de vos histoires de couple. De vos déménagements, de vos rideaux neufs, de vos plans de procréation, de vos week-ends chez les beaux-parents, de vos mariages, des teinturiers et des traiteurs, des coiffeurs et des masseurs, de vos dîners à poulet, tartes, fromages et bons vins. Vous ne pouvez vraiment pas savoir à quel point je ne supporte plus. Verres cassés et crises de jalousie, formules miraculeuses qui expliquent ce en quoi et pourquoi votre couple est différent, coups de baguette magique, mais oui, certainement, l’amour durera pour vous toute la vie. Rien à battre, moi, vraiment, je m’en fous, pire, je ne supporte plus et je ne fais pas ma crise d’adolescente, je ne suis pas Bridget Jones. Je ne cherche pas à. Je ne me cache pas derrière un discours auquel je ne crois pas. Non, je ne veux pas. Quand je cause, j’aime m’adresser à des individus. Couples, vous ne répondez plus je, vous dites nous. C’est barbant, croyez-moi. Pire : couples, vous ne comprenez pas qu’on ne veuille pas votre même bonheur. Alors que.

Ce qui n’engage que moi et ce qui est à moitié hors sujet. Car, commençons par le commencement, je vais tout de même vous faire un peu les présentations. Ici siègent quatre filles. A quatre, peut-être à plus dans l’avenir, nous allons écrire raconter vous faire voir que nous prenons avec humour le fait de vivre dans un monde objectivement macho. Chacune son style, chacune ses préoccupations, nos quatre voix seront probablement différentes. Ne nous leurrons pas cependant. Nous sommes quatre filles blanches et relativement jeunes vivant en milieu urbain occidental. Pas de provinciales, ni de banlieusardes, ni d’émigrantes excisées, pas de blacks, pas d’ouvrières. Trois d’entre nous avons des origines mélangées. Trois d’entre nous sommes célibataires (pas forcément les mêmes). Nous avons toutes en revanche un boulot. Rémunéré. Et un certain niveau d’études genre sciences humaines ou sociales. Nous sommes indépendantes et pourtant, parfois, nous ne nous en sortons pas. A cause de ? Des images qu’on plaque, des réflexes, des trucs et des machins. Je n’en sais foutrement rien, mais le fait est là.

Faisons donc avancer le schmilblick, arrêtons un peu les frustrations qui nous clouent tous dans des mondes parallèles. La terre est plate et l’homme est supérieur à la femme, c’est évident (enfin, vous voyez, non ? Personne n’y croit. Nous n’en sommes plus là mais plutôt au : comment se fait-il qu’alors que nous sommes tous convaincus d’être égaux nos discours se croisent, les mecs débandent, les filles attendent, bref, vous voyez non ?). Et moi je dirai JE. Car je ne suis pas scientifique ni experte, ni pas grand-chose d’autre que Je. Les autres parleront comme elles voudront. Je partirai de mon cas précis pour essayer de voir plus loin, avec toutefois et dans la mesure du possible des tonnes de dérision. Je vous dirai même que : célibataire, bac+5, salariée, 34 ans. S’envoyant régulièrement en l’air. Draguant, mettant la main aux fesses des hommes sans problème. Sans désir d’enfant ni (voir plus haut) de vie en couple.

Et comme je dirai je, je me permettrai, par exemple, très prochainement de parler de grosses bites. Car il n’y a rien de mieux. Et c’est là que je vous attendrai ou plutôt, que j’espérerai ne pas avoir à faire à des commentaires niaiseux du style « oh mais non ce qui compte c’est l’amour, peu importe la taille », en général j’attendrai des commentaires éclairés, pas de commérage de café. Nulle contradiction. Si je vous parle de moi ce n’est pas dans un but exhibitionniste et je me tape de vos histoires à vous. Pas de commentaires du style j’ai vécu la même chose mais plutôt « si j’ai vécu la même chose ça veut peut-être dire que ». Ou alors : « je pense ». Car vous pensez un peu, j’imagine…

samedi 7 juillet 2007

Petit lexique mâle du 21ème siècle

La différence avec le siècle d'avant, dans les expressions machos, c'est qu'elles font plus tousser personne : on les entend au grand jour, dans la bouche des hommes, dans celle des femmes. L'autre différence, c'est que pour les filles aussi, elles veulent dire quelque chose. Enfin, grande avancée : une fille découvre pour vous aujourd'hui que ces expressions sont en fait un PUR CLASSEMENT, de 1 à 9 sur l'échelle « mon phallus flippe ».


« Elle est bonne »
C'est un truc muet, coloré et baisable comme une poupée gonflable. Mais en plus, ça fait baver les potes.


« Une femme qu'on épouse »
C'est une poupée qui fait « oui, oui, oui-hi-hi-hiiiiiii », comme un saint-bernard sur une banquette arrière remonté pour 50 ans. Synonyme : « une femme douce » (voir Florence Foresti, « Les filles douées pour la vie à deux »).


« Un plan love »
Les seules fois où un homme entre en « plan love » avec une fille actuelle, une maman/putain, une deux-en-un - un truc inconcevable, quoi -, c'est 9 fois sur 10 un fou possessif qui s'est mis pour challenge de vous « plier », soit un paumé impressionné qui croit avoir trouvé son pilier tous usages – économique, psychologique, affectif, logistique. Epilogue : ils s'étonnent que vous ayez fui ce méga « plan love ».


« Un coup d'un soir »
C'est se retrouver au lit pour un plan à 3 : avec une fille et avec son poireau plein. Pardon, c'est se retrouver avec son poireau plein ET avec une fille au lit – oh le bol. Si en plus la fille sait qu'elle est « un coup d'un soir » - no name, no face-, c'est le super bol. En revanche, si la fille était elle aussi en chasse d'un « coup d'un soir » cette nuit-là, c'est pas du jeu, merde.


« Un plan cul »
C'est du sexe avec une fille. Pour que ça se soit installé en un « plan », cet homme ne s'est pas aperçu que le cul, même le cul pur, chez les femmes, mobilise aussi le ventre, voire plus haut, jusqu'au cerveau, en passant par le coeur. Sinon, on aurait observé un repli illico sur « un coup d'un soir » – ou deux ou trois soirs.


« Une fille qui va s'accrocher »
C'est apparemment quand il s'écoule plus d'une demi-heure entre le moment où le gars passe votre porte et celui où vous vous retrouvez avec lui dans votre lit. Une conversation et un zeste de familiarisation annoncent forcément un « plan love » POUR LA FILLE - horreur. Un autre indice alarmant pour certains est si les baisers et les caresses s'immiscent dans le « plan cul ». Certains appellent encore ça des « préliminaires » (entendre : « une tannée »). Et là aussi, ça pue apparemment le « plan love ». On ne mentionnera même pas l'audace de donner une caresse ou un baiser après qu'IL a joui. Autant le menacer d'une alliance. En clair, respecter votre propre rythme physique, ce n'est pas « votre façon de vivre un plan cul » : c'est subversif.


« Une fille indépendante »
C'est une « fille » que ses parents ont élevée comme un « être humain ». Elle croit basique et universel de rigoler la bouche ouverte, d'avoir un boulot, des amis, des opinions, des préférences, des aspirations, du respect pour celles des autres. Et même pour celles de son amoureux – même pas chiante, la fille? L'OVNI, quoi. Aucune chance.


« Une fille de la trentaine »
C'est quelqu'un qui peut A TOUT MOMENT dégainer l'horloge biologique qu'elle A dans la poche - TOUTES. Mais ça vaut 2 points, quand même. Parce qu'elle baise bien et elle travaille et elle est sexy et elle plaît à mes copains et elle est très occupée et elle a des tas d'amis et je suis pas à la hauteur j'en suis sûr et ...


« Une fille qui fait peur »
Voir « une fille indépendante », mais aussi, donc, de plus en plus, « un coup d'un soir », « un plan cul », et même « une femme qu'on épouse ». Bref, pour celle-ci, langue au chat : 1000€ à celui/celle qui m'explique.