vendredi 14 décembre 2007

Baise et procréation

Tout homme qui baise une femme devrait prendre en compte le fait que, potentiellement, il la met enceinte. Cela va de soit. Nous, les femmes, nous vivons avec cette éventualité. Il devrait en être de même pour les hommes. Voici une question fondamentale : mâle, si une pilule existait pour les mecs, est-ce que tu la prendrais ? Es-tu prêt à faire cobaye pour un médicament dont on ne connaît pas bien les effets secondaires ? Une sale hormone qui te fait grossir, te donne de l'acné, te déprime et risque de te filer un cancer ? Un sale médicament qui, combiné à la cigarette, devient un cocktail mortel. Un truc qui t'astreint à faire régulièrement des prises de sangs. Un truc qui est susceptible, du jour au lendemain, de faire bondir ton cholestérol et tes triglycérides. Tu es prêt à cela en féministe couillu que tu es ? Je vois d'ici la réponse. « Féministe, oui, pour draguer les filles. Mais attention il y a des limites. Après tout ce n'est pas moi qui vais tomber enceint. C'est à la fille de gérer ça. » S'il n'est pas prêt à cela, l'homme doit accepter d'être complètement à la merci de la décision de la femme quand elle tombe enceinte. Il se croit tranquille parce qu'elle prend la pilule. Mais la pilule, mon vieux, tu oublies que ce n'est pas sûr à 100 %. Tous les jours, des femmes sous pilule tombent enceintes. Quand la femme tombe enceinte, l'homme ne devrait pas pouvoir envisager une seule seconde la fuite. Il ne devrait en aucun cas culpabiliser sa partenaire, ni tenter de l'influencer pour qu'elle choisisse l'avortement, sous peine d'une raillerie, d'une humiliation à vie de la part de ses congénères.

lundi 10 décembre 2007

Cinéma: la femme japonaise 1

La terre est plate reçoit un invité de marque. Il analyse ici l'image de la femme au cinoche à partir d'un film de référence: Oharu, femme galante de Mizoguchi. Profitons de sa participation pour vous rappeler que toute contribution de qualité est la bienvenue.

Je souhaiterais revenir sur quelques exemples permettant de penser la femme au cinéma, afin de voir si elle peut y être pensée autrement que comme idéal éthéré ou objet méprisé.
La vie d'Oharu, femme galante, de Mizoguchi, film japonais de 1952, peut nous fournir une bonne porte d'entrée. Le film parle de la femme dans le Japon du XVIIème, contant en un long flash-back la déchéance d'une jeune noble qui finira en vieille courtisane délaissée, sous le regard compatissant de Mizoguchi.
Pourtant, le film dépasse ce schéma mélodramatique, par l'assimilation d'Oharu à l'idée de mouvement. Le premier plan du film la suit, vieille et laide, en un long travelling, dans un quartier de plaisir où personne ne la voit, avant qu'elle ne rie en racontant ses déboires de la soirée à des compagnes d'infortune. Que veut dire ce rire ? Amertume ? Autodérision ? On ne saura pas ; d'emblée, Oharu est devenue ce qui échappe. Cette mobilité évoque un chemin de croix, mais il y a plus, une fluidité qui n'appartient qu'à Oharu, qui épouse sa solitude. La caméra, mobile, devient semblable à Oharu, prend son parti. Et la femme cesse d'être un objet grâce au mouvement.

Cette idée ne va pas de soi, quand on connaît l'idéal féminin du Japon du XVIIème, que les hommes imposent à Oharu : l'objet d'art immobile. Lors d'une scène mémorable, des serviteurs d'un seigneur lui cherchent la femme idéale, définie par des traits figés : « Entre quinze et dix-huit ans, visage rond, yeux largement ouverts et écartés, sourcils épais, nez rond, bouche bien dessinée, dents blanches, oreilles longues et peu ourlées, cheveux bien plantés sur le front, cou dégagé, doigts longs et fins, ongles étroits, pieds petits et cambrés, taille longue et mince, flancs également, fesses charnues, grande, bien proportionnée, douce, réservée, sans grain de beauté ». Notre seigneur privilégie la partie au tout (il est fétichiste), l'immobilité au mouvement (il est du côté de l'estampe, non du cinéma). Le film propose une nouvelle esthétique, antifétichiste et mobile, aux antipodes de la tradition japonaise. Ainsi, même si c'est là le film d'un homme, le regard finit-il par y devenir celui de la femme. Cinéma égale féminité.

En effet, c'est le regard d'Oharu qui déclenche le flash-back général du film. Au début du film, elle entre dans un temple où se trouvent des effigies de Bouddha. Observant l'une d'elles, elle y reconnaît le portrait de son premier amant, ce qui déclenche la narration au passé. A la fin du film, on revient au temple. Ses compagnes viennent retrouver Oharu qui leur dit, amère : « Je regarde mes dieux. Ils leur ressemblent, les hommes que nous avons connus ». Les courtisanes observent les statues, et s'esclaffent en reconnaissant à leur tour l'image de leurs amants. Ainsi, en ouverture et en clôture du film, la femme retrouve le pouvoir d'exercer ses yeux, et ce sont les hommes qui sont désormais vus, passant du statut de froids esthètes à celui de vaines idoles.
Oharu est donc un film curieux, paradoxal. Ce mélo austère (!), d'apparence classique, propose une vision implacable du statut de la femme, laquelle n'a aucune issue ; et pourtant, par sa mise en scène, le film crée cette issue. Sujet et point aveugle du film, la femme est la source d'une remise en question des formes d'art et des structures de société ; la question du féminisme se pose d'entrée ici en termes de manière de voir.
Marc Vervel

mardi 27 novembre 2007

Auto-critique

L’heure est venue de vous avouer nos fautes. Auto-critique disait Lénine, la justification de tous les crimes mais les nôtres ne sont pas des moindres car commençons par avouer l’inavouable : la cause est perdue. A vous d’en juger, lecteurs, si vous venez encore, je vais être chargée, sacrifiée à l’autel (car je n’ai pas demandé la permission) mais faut-il en passer par là, d’autres savent que j’ai une âme judéo-chrétienne, pour garder un peu d’espoir, je ne sais pas, je ne sais pas, je me contente de lever le doigt et de dire que :

Cig Harret ne poste plus rien car elle s’est maquée.

Alexe Popova poste un machin, l’efface et le reposte pour cause diplomatie interne de couple.

Jill Alameda (moi) non seulement a fini par appeler un plombier mais ne poste que très peu car ses sinistres aventures urbaines avec des crétins qu’elle se tape en dépit de tous ses discours lui bouffent pas mal d’énergie.

Seul Monierza Molia garde le haut du pavillon. Très haut.

Bonnes pour aller rejoindre la cause des femmes excisées.

mardi 20 novembre 2007

Vive les frites

Moi j’ai pas de brevet, pas de bac, pas de licence, rien. Ma vie c’est juste la musique, l’alcool et le shit. Les filles ? Nique sa mère les filles, moi je reste dans mon coin, j’attends. Ça veut pas dire que j’aime les hommes, ouh là là non. Tu vois, moi je suis un philosophe, et je ne laisserai personne m’empêcher d’être libre, parce qu’on est tous égaux, on est tous dans le même sac, il y a des mecs qui ont bac +8 et qui bossent au macdo et des mecs qui sont pas allés à l’école et qui sont millionnaires, si tu te donnes ta liberté, si tu prends ta vie en main tu fais ce que tu veux. Ouais, on déconne tous parfois à un moment dans notre tête, mais après on se reprend en main, et moi je laisserai personne mettre des bâtons dans mon chemin, parce qu’on est tous égaux, on dit que les Juifs sont riches et pourtant il y a des Juifs pauvres, on dit que les Noirs et les Arabes n’ont pas d’argent et pourtant il y en a qui sont riches, on dit que les Blancs sont racistes mais c’est une minorité, il y a des connards comme Sarkozy, nique sa mère Sarkozy, mais tout le monde est différent, tu peux être tout si tu te prends en main, moi ma mère je sais qu’elle sera fière de moi, je la rendrai fière. Et ensuite ouais je me marierai, mais pas avec une fille, non, une vraie femme, moi ce que je veux c’est une femme qui fait la cuisine et le ménage et qui m’aime, du moment que j’ai des trucs à manger je suis content, bien sûr elle pourra travailler si elle veut, je la laisserai travailler si elle a envie, et puis je l’aiderai si elle a besoin, mais bon les femmes sont plus douées quand même, moi je ne sais faire que des gâteaux et des frites et des pizzas surgelées, mais les frites c’est des frites maison, attention.

D'après une conversation dans le métro. Nulle intention de carricature.

lundi 19 novembre 2007

Romance

Le pauvre. Comme il souffre. Comme il a mal. Perdu dans des abîmes de désespoir, il crie son aversion du monde, son dégoût de ses congénères. Alors évidemment ça jaillit un peu dans tous les sens, et parfois, étant au mauvais endroit au mauvais moment, je me prends quelques éclats d’obus dans la figure. C’est bien normal : toute cette haine, toute cette haine qu’il porte en lui, comment pourrait-il la canaliser, oui comment, personne ne le pourrait en vérité. Il est la première victime de sa violence et moi, et moi, je devrais m’estimer heureuse d’être moins malade que lui. Car c’est bien cela dont il s’agit : une maladie, un monstre qui s’empare de sa personne et qui le torture. Une chose extérieure, en lui mais hors de lui. Il est tellement malheureux. Et pas responsable, non. Il s’échappe à lui-même. C’est donc bien peu généreux de ma part que de m’apitoyer sur mon sort, de me plaindre de ce qu’il me blesse moi aussi. Après tout, qu’est-ce qu’un peu de sang, je passe un mouchoir sur mon visage et on n’en parle plus. L’important n’est pas là. L’important c’est de l’aider. De le soutenir. Pour qu’il puisse aller mieux. C’est quand on ne va pas bien qu’on a le plus besoin des autres, pas quand on est heureux et épanoui. Quelquefois oui c’est vrai, une petite voix en moi me fait me demander : et lui, que ferait-il à ma place, ne s’éloignerait-il pas, ne se protègerait-il pas ? Mais je suis forte, je suis forte et courageuse, et toujours je la balaie cette interrogation qui veut sournoisement s’insinuer entre nous, qui veut me faire douter, qui veut me faire oublier notre amour. Car n’est-ce pas cela l’amour, être ensemble pour le meilleur et pour le pire ?

vendredi 2 novembre 2007

Les gangs de boutonneux

Il n'y a rien de plus bête qu'une bande de mecs de quinze ans en vacances. Ils viennent juste de muer. Ils ne contrôlent pas l'intensité de leur voix. Quand ils sont bourrés, on les entend à des kilomètres à la ronde. Ils se coiffent au gel. Chaque sortie est un événement. La découverte de la vie pour leur verte pine. La chasse aux chattes. Grégaires, ils se déplacent toujours en troupeaux. Ils se nourrissent de frites, de saucisses Herta, de chips, de sodas, de bières. Si l'un d'entre eux fume des clopes, ils en fumeront tous. Si un autre boit de la vodka, ils en boiront tous. Si un troisième fume des joints, ils en fumeront tous. Si un quatrième snife du trichlo, ils en sniferont tous. C'est obligatoire. Leur virilité est en jeu.

jeudi 25 octobre 2007

Recopié pour vous

- Est-ce qu'il sera nommé à vie ou pour une période limitée ? demanda Morris.
- Je crois qu'elle sera nommée pour une période de trois ans, et détachée pendant ce temps de sa propre université.
- Elle ? répéta Morris, inquiet. Julia Kristeva ou Christine Brooke-Rose auraient-elles déjà été pressenties pour le poste ? Pourquoi dites-vous "elle" ?
- Pourquoi dites-vous "il" ?
Morris se détendit et leva les bras en un geste de capitulation.
- Touché ! Pour un type comme moi, qui a été marié à une romancière féministe auteur de best-sellers, ce n'est pas malin de tomber dans ce genre de piège.

David Lodge,
Un tout petit monde, Paris, Rivage Poche, 1992, p. 193.

mercredi 24 octobre 2007

Médée

Il vous reste quatre jours pour aller voir Médée* au théâtre de la Commune à Aubervilliers, et à moi il me reste aussi quatre jours pour vous en parler. Pour vous dire quoi ? Qu'Ariane Ascaride assure et que c'est un pur plaisir de la voir s'agiter dans sa cuisine mobalpa à assaisonner son gigot au détergent WC et au liquide vaisselle tout en vous expliquant comment Médée, celle d'Euripide, s'est rebellée contre ce salaud de Jason qui l'abandonnait pour une fille plus jeune ? Que le texte de Dario Fo et de Franca Rame est très chouette, fin et incisif, parsemé de pantoufles mises au congélateur et de chemises brûlées au fer à repasser ? Que ça fait du bien de voir que si si, les femmes savent se venger, que ce soit parce qu'elle s'approprient des territoires masculins comme chez Tarentino ou parce qu'elles détournent leurs fonctions traditionnelles de soin de la maison ? Je ne sais, je ne sais. Mais ce que je peux vous dire pour sûr, c'est : je l'ai vu, c'était bien, c'était drôle, c'était du théâtre.

*Et en première partie, vous aurez droit à La maman bohème, autre pièce des mêmes auteurs.

mercredi 10 octobre 2007

Comprendre une chasse d'eau

Chères lectrices, chers lecteurs,
Ma chasse d’eau fuit, et pas qu’un peu. Ma chasse d’eau fuit et je suis là comme une conne, devant ma chasse d’eau qui fuit. J’ai sorti ma boîte à outils. Avez-vous eu déjà eu affaire à une boîte à outils ? C’est un contenant diabolique, qui ne ferme jamais comme il faut et qui s’ouvre toujours lorsqu’on le soulève étalant clous, vis et marteau, clés, chevilles, niveau, tournevis, agrafes et autres objets pointus sur lesquels on ne manque pas de marcher, sur une aire de 10 m2. J’ai farfouillé dans ma boîte à outils en me pinçant les doigts, j’ai trouvé une clef à molette et j’ai menacé ma chasse d’eau avec. J’ai tourné des écrous. La fuite est devenue fontaine. A ce stade, trempée, j’ai pensé très fort à appeler un ami. « Je lui fais à bouffer pendant qu’il me répare ça vite fait ». Je me suis ravisée. « Non, je suis une femme libre et indépendante, le bricolage n’aura pas ma peau. » J’ai coupé l’eau. J’ai tourné encore plus les écrous. « Et un plombier ? C’est fait pour un plombier. » Mais je refuse de payer un gars 200 euros pour faire un truc qui ne doit pas être bien compliqué. Je m’acharne sur ma chasse d’eau. J’atteints un joint tout pourri qu’il faut remplacer. J’ai vu une boîte à joints quelques part ces derniers temps. Dans la cave ? Dans un tiroir ? Où ? Il est 22 heures, bien sûr, Mr. Bricolage est fermé et je ne vais sûrement pas descendre à la cave. Ça attendra demain, ça attendra trois jours. Vais-je résister à mon envie d’appeler un mecton pour qu’il vole à mon secours ?

dimanche 30 septembre 2007

Foutue protection/domination

Je n'ai pas besoin d'être protégée. Je sais me battre. Je n'ai pas de conduite à risque. Contrairement à nombre d'entre eux. Ces alcooliques. Ils veulent me raccompagner chez moi en scooter, complètement bourrés, soi-disant pour me protéger. Je préfère rentrer à pieds. Tous ces paumés accro à la fête, aux drogues, à leur maman : pourquoi me protégeraient-ils ? Je gagne de l'argent. Je n'ai pas de problème d'addiction. Je ne déprime pas. Je suis en pleine forme. Pourquoi des malades, des adolescents attardés, me protégeraient ? Je n'ai pas besoin d'eux. Ils sont en fait en demande de protection. Ils désespèrent de ne pas avoir trouvé un substitut de mère. Ils attendent passivement la princesse charmante. D'un coup de baiser magique, elle réglera tous leurs soucis. Je ne veux pas d'un connard moralisateur. Quand il se sentirait menacé, quand il perdrait les pédales, quand mes raisonnements le mettraient en péril, il me donnerait des leçons. Il projetterait sur moi toutes ses faiblesses.

vendredi 28 septembre 2007

Féministe est un dur métier



Un peu comme Moïse qui, 10 commandements ou pas, devait bien avoir envie de trucider le petit vieux à la traîne pour traverser la mer rouge, la féministe lambda avec sa quinzaine d’impératifs bien en tête ressent souvent le besoin de les transgresser. Hier j’avais terriblement envie de balancer une tarte à la crème dans la tronche d’une jeune fille qui me pétait très sérieusement les ovaires. Mademoiselle je suislecentredumonde –bon, jusqu’ici tout va bien, pas de problème pour moi-, m’invitait à une soirée filles. Du genre filles filles, avec pyjama, vernis à ongles et lecture à voix haute du test « quelle shoppeuse êtes-vous ? ». Quelle conne, putain.
Il n’y a que la représentation qui fonctionne dans ces cas là. Et puisqu’il était question de manucure.

lundi 24 septembre 2007

Garçon, de Koxie

Initialement je comptais simplement le mettre en ligne, sans commentaire aucun. Parce qu'il me plaisait, parce qu'il m'avait touchée, et surtout parce que, mais je déteste ce ton de critique des Inrocks que je ne suis pas, c'est un morceau qui met en scène, d'une façon drôle et espiègle, une fille qui sait répondre aux remarques des hommes dans la rue, une fille qui déclasse et qui remet les choses à leur place, retournant la situation non sans un certain chic. Une fille qui reconquiert son territoire dans l'espace urbain et qui, sans enfoncer les mecs, leur explique quand même que les bonjour mademoiselle suivi d'un je te baise salope, ça va deux secondes mais qu'au bout d'un moment on n'en peut plus mais alors vraiment plus, et qu'il faudrait songer à changer de disque.

Sauf que. Il se trouve que l'auteur-interprète Koxie, à qui je ne demandais pas non plus de se revendiquer féministe depuis trois générations, je peux comprendre que l'étiquette ne soit pas forcément facile à assumer je ne suis pas complètement bornée, tient des propos assez limites. Par exemple, ici ou , on apprend qu'elle adore les machos, qu'elle est contre l'égalité des hommes et des femmes - et là je demande à voix grave, si un-e artiste déclarait, je suis contre l'égalité des juifs et des chrétiens, ne crierait-on pas immédiatement au scandale ? - et même qu'elle trouve ça très bien qu'une femme soit un peu soumise, sans parler de sa passion pour le travail domestique. Et encore, je vous épargne le pire sur les femmes castratrices et les rôles ancestraux qu'il serait bon de restaurer.

Du coup, perplexité, questionnements, réécoute de la chanson. Car si un discours neutre, du type dans ma chanson je décris un truc qui m'énerve c'est juste mon vécu ne cherchez pas de grande théorie derrière, aurait été parfaitement recevable, là il y a quand même du grand écart de haute volée, cherchez l'erreur. Alors je cherche, je cherche. Je repense notamment à son "on t'a pas dit de traiter des femmes comme des princesses ? ", passage que j'avais déjà relevé à cause de princesse, ce mot haïssable tant il empeste le trophée muet et passif offert aux hommes parcourant initiatiquement le monde, mais en fermant les yeux car me disant, c'est pour la rime soyons ouvertes d'esprit et arrêtons de chercher la petite bête partout. Or si vu la nature des propos dispensés lors des séances de SAV, qui relèvent soit de la surenchère sexiste motivée par l'angoisse d'être classée féministe poilue des aisselles, soit de la connerie, soit je ne sais pas, la fameuse princesse prend clairement des allures de bobonne dans sa cuisine mobalpa, la clef du paradoxe se trouve finalement, à mon sens du moins, dans la réplique "y'a un sérieux problème d'éducation", que j'avais, trop optimiste à mes heures, interprétée comme "y'a un problème dans la façon dont les hommes sont éduqués". En effet, quand on lui demande quelque chose comme, mais n'êtes vous pas en train de stigmatiser les lascars des banlieues avec votre chanson (enfin la question je la devine simplement, elle a été coupée au montage, il s'agit de l'interview linkée plus haut), la chanteuse répond comme une fleur que justement, "ce n'est pas une question de milieu social, c'est une question d'éducation" juste après avoir précisé, "moi j'ai été élevée" : on est contente pour elle, et surtout on se réjouit d'apprendre que l'éducation que les parents dispensent à leurs enfants n'est pas fonction du milieu, décidémment les classes sociales c'est désormais complètement has been.

Partant de là, si je résume le message, la chanson est - selon son auteure - juste un coup de gueule contre les vilains garçons mal élevés, leurs mauvaises manières n'ayant aucun rapport ni avec leurs origines sociales, ni avec leur genre. Laissons ici la question des origines socio-culturelles, qui pourtant aurait mérité un développement, car l'exotisation du sexisme semble à la mode ces temps-ci, et concentrons-nous sur le genre. Koxie encore, précise ici : "je ne suis pas contre les mecs, je suis contre les cons en général". C'est beau je trouve, ce combat si politiquement correct contre la connerie universelle, personnellement je suis très touchée et j'en conclus qu'en toute logique, lorsqu'un homme me dis je t'encule pétasse, j'ai juste affaire à une personne particulièrement discourtoise qui n'a pas lu Nadine de Rothschild, et pas du tout à un pur jus du sexisme. Reste une question, tout de même : pourquoi si peu de connerie de ce type-là chez les filles, pourquoi si peu de "salut charmant prince lèche-moi la chatte" entendus dans la rue, en d'autres termes pourquoi la connerie a-t-elle, malgré tout, un genre ? Phénomène que Koxie, en refusant de voir ce que pourtant elle pointe du doigt, illustre à la perfection, car la connerie récurrente des filles, et je ne dis pas qu'il est facile de s'en débarrasser, pas plus facile en tout cas que de celle des garçons, c'est de rester aveugle à la dimension sexuée des rapports sociaux et de ne pas voir qu'il est juste intenable de se plaindre des agressions verbales tout en défendant une répartition traditionnelle des rôles masculins et féminins. En un mot, si tu exiges qu'on te tienne la porte, ne te plains pas que ce faisant on te mate le cul, c'est un package.

vendredi 21 septembre 2007

Pomme d'Adam


La Pomme d'Adam (Adam's Apple)
Vidéo envoyée par JeromeGenevray

mercredi 5 septembre 2007

Des fantômes

Je me retrouve souvent entourée exclusivement d’hommes. Pourquoi ? Je ne le sais pas trop. Disons que les conversations sur les méthodes épilatoires ou l’astrologie versus le tarot ou nos 100 looks préférés ne m’intéressent pas mais, faut pas déconner, il y a des tonnes de femmes qui sont dans le même cas. La question serait alors plutôt pourquoi ces femmes ne sont-elles pas dans les mêmes dîners mondains et masculins que moi. Où passent-elles ces jours-là ? Enigme ultime. Quant au fait que 80% des mes amis soient des hommes, je suspecte en partie un de mes « modes opératoires de socialisation ». Etant donné que je suis un peu huître, que j’ai du mal à me livrer aux autres, d’histoires de séduction, d’une éventuelle intimité partagée, peuvent naître des complicités, des liens. On se « découvre » plus facilement.
Bon, trêve d’introductions. Je me trouvais hier en compagnie de trois de ces spécimens de sexe masculin, dont certains d’entre eux ont dit le plus grand « bien » de ce blog. Un et demi sur trois. Ils étaient notamment horripilés par les chiffres, par le 50-50 des tâches ménagères (« mais quelle horreur de quantifier compter évaluer soupeser, quel tue-l’amour, quelle déchéance des grands sentiments ») et par ce qu’ils qualifient de conversations ennuyeuses et subsidiaires au regard des grandes questions du féminisme actuel qui devraient plutôt nous occuper et que sont les femmes battues, mariées de force, voilées, excisées, etc. Quand je suis avec eux, j’ai tendance à penser, je veux croire, qu’ils me voient comme un des leurs, avec des couilles rabattues sur table et tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes car point d’animosités, point de dossiers compliqués. Nous parlons librement et tranquillement. Ce sont des personnes intelligentes et nuancées, mais mais. Hier, puisque nous avons parlé féminisme et blabla, j’ai remarqué tout de même que : 1) ils parlent énormément de leur sexe 2) ils ont peur que des lesbiennes viennent la nuit leur arracher ce sexe avec les dents 3) ils évoquent des femmes qui, comme des fantômes, ont disparu, qui furent un temps, un autre temps leurs amies et ne sont plus en 3a) précisant leur aspect physique 3b) spécifiant s’ils ont couché ou pas avec 3c) synthétisant l’information, la validant entre eux et l’estampillant d’un sceau définitif.
Ça ne m’avait jamais sauté aux oreilles à ce point. Hier soir en les écoutant je souffris un moment d’angoisse intense, silencieuse et transitoire. Je me demandais notamment 1) pourquoi était-il question d’époques (l’époque machine, l’époque machine bis, etc) et pourquoi ces époques étaient-elles révolues 2) pourquoi, puisque le temps avance quoiqu’il arrive et qu’il est impossible de l’arrêter, eux, représentants masculins, survivaient-ils à ces époques comme des cafards aux explosions nucléaires 3) allais-je moi-même survivre à l’époque présente étant donné que 3a) j’ai un aspect physique de femme soumis à des variations et susceptible d’être évalué sur l’échelle bien connue du thon-canon 3b) j’ai dormi au moins une nuit avec les trois spécimens en question (pas en même temps, on s’entend) 3c) pour ce qui est circulation de l’information, je peux être sûre que ce que je dis sur l’un à l’autre sera répété de l’un à l’autre.
Fatiguée, je me suis ventilé le cerveau dans les toilettes avec des pensées dites « positives » : - après tout rien n’empêche les femmes d’en faire autant (mais en dépit d’efforts insensés de mémoire, impossible de me remémorer un cas semblable inversé)- et -tout ceci n’a rien à voir avec le machisme mais avec l’hétérosexualité-.

vendredi 31 août 2007

Résolutions d'été : je crois bien que je vais rester célibataire

"Moi, je crois bien que je suis célibataire parce que je passe jamais la première étape : celle où le mec se (la) raconte des heures en auto-reverse.
C'est pour faire le paon devant la belle, qu'on dit. Mwais. La différence, avec les humains, c'est que "tourner les yeux pour pas voir le paon", ce serait quitter la pièce pour pas l'entendre. Et ça ça s'appelle "rude". Alors que se faire éjaculer du "moi je" sur la face pendant des heures, ça c'est pas dans "rude".
Mais les filles font pareil, de toutes façons. Heureusement que je suis que hétéro, finalement."

mardi 28 août 2007

Les gynécos devraient être nos amis

Longtemps j’ai suspecté la nature d’être injuste envers les femmes. Maintenant que je suis grande, je suspecte surtout la médecine d’être injuste envers nous (moi). Certes, se retrouver les jambes écartées, la chatte à l’air et les pieds à l’étrier (« on aimerait vous y voir ») n’est pas un vrai moment de plaisir qu’on pense au père Noël en regardant le plafond ou pas. Mais on n’y peut rien. Personne n’y peut rien. Enfin, allez savoir : si les hommes étaient faits comme nous, une méthode d’examen indolore et pudique n’aurait-elle pas été mise au point ? Parfois, je me le demande.
Jusqu’ici, la médecine ne s’est intéressée à nous qu’en tant que reproductrices. Ainsi, on ne sait que très peu sur le clito. On ne sait rien. On vient de découvrir (à l’échelle de l’histoire) que comme les icebergs, le clito ne montre que sa toute petite pointe à l’extérieur. Grâce à cette découverte, les femmes excisées peuvent aujourd’hui être reconstituées : le seul médecin au monde –je répète : au monde- qui les opère, tire un peu sur ledit clito, et hop c’est bon. Une vie digne d’être vécue de retrouvée.
Car des mesdames et des messieurs exerçant une profession qui devrait les rendre complices des femmes, comme les curés des enfants de chœur (sic), sont souvent des monstres insensibles, froids et ignorants. Une femme n’ayant jamais eu d’enfants peut porter un stérilet. Je viens de l’apprendre. Et pas par ma gynéco. Ou encore : le tout nouveau vaccin contre les papillomavirus obligatoire pour les fillettes depuis la rentrée, ne prévient pas contre tous les papillomavirus existants sur le marché, contrairement à ce que soutenait ma troisième (sur les cinq) gynéco que j’ai eue sur Paris. Ou encore : si vous voulez vous ligaturer les trompes, ne vous laissez pas convaincre qu’il vaut mieux les agrafer. Si vous arrivez à les en persuader. Hormis plannings familiaux et deux gynécos et demi militants, ils vous pousseront tous à procréer. A vous, - par ces temps stériles qui courent, faire massivement hormoner et artificiellement inséminer. Ils vous demanderont de vous coller un thermomètre au cul tous les jours pour savoir exactement à quel moment vous ovulez, or, vous n’ovulerez point à moins d’être une championne de la zen attitude : une fille sous pression se dérègle complètement.
Ecoutez entre les notes car ils mélangent tout, ne s’inquiètent de rien alors que vous paniquez vous tremblez vous pensez que vous mourez : kystes, polypes, champignons, pertes blanches, pertes moins blanches, fibromes, cystites. Les pires aberrations peuvent être dites sans qu'une horde de femmes libérées vienne les égorger. Exemple : « la multiplication des partenaires prédispose au cancer du col de l’utérus ». Comme si on vous expliquait que la multiplication des partenaires prédispose au SIDA.

jeudi 23 août 2007

Brève d'été, 7

"M'en parle pô, elle est décimée, cette année, l'équipe : Karen est enceinte, Jean-Firmin-Emmanuel Sébastopol a une sciatique, Mélanie a un chagrin d'amour. Et tout le monde comme ça. Alors au final il y a moi - bon, le chagrin d'amour, c'est mon état normal - et Charles - pas de sciatique et pas de risque d'être enceinte, lui. Et peut-être Jeanne. Et voilà."
Choune, chef d'équipe, festival de Groix - août 2007

lundi 20 août 2007

Brève, 6

"Alors nous on s'entend super bien et on bosse vachement bien ensemble, pour faire les chansons, tout ça. On est tellement toujours ensemble que les gens y croient même qu'on est gouines. Non mais héééé hooo, faut pô délirer : on va pas sortir ensemble en plus du reste. On sort avec d'autres meufs, on s'aère, quwô."
"Conférence sur l'amour" par Maion et Wenn, Groix sur scène, août 2007

dimanche 19 août 2007

Une brève comme ça, 5

"Allez, z'êtes trop belle pour qu'on vous fasse du mal : passez le bateau tranquille, Mad'moiselle, y bougera pas.
C'est qu'on n'en voit pas tous les jours, une langouste comme ça, quwô."
Caroline chez les pêcheurs, août 2007

vendredi 17 août 2007

brève en passant, 4

"Ah bien là on va avoir la visite de ta cousine et de son simili-mari, on sait pas quand mais bientôt. Et toi, quand est-ce que tu nous ramènes un simili-mari? Faudrait tâcher à ce que ça t'arrive."
Lucie, petite bourgeoise exilée en campagne, 85 ans.

une brève en passant, 3

"Moi, j'veux dire, maintenant, on est au 21ème, on n'a pas d'avenir - t'as qu'à voir : j'ai dû faire appel pour passer en 3ème année de terminale ... alors bon, c'est clair : l'avenir concret pour moi, et pour nous les filles en général, c'est d'être soignées, à la page en fringues et coiffure, et puis aussi de se maintenir à jour en com - msn, tout ça- et de plaire à un homme, à un heûmme, j'veux dire, un vrai, qui assure, quoi, et puis voilà."
Enora, îlienne, 17 ans.

Une oestrogène brève en passant, 2

"Boooôôôô .... je saurai qu'il sera temps de me ranger vite fait avec un gentil-fiable : quand j'aurai ma tête du matin toute la journée."
Cécile, capitalienne, 35 ans

mercredi 15 août 2007

Une oestrogène brève, comme ça, en passant

"En général, j'obtiens toujours ce que j'attends des hommes. C'est-à-dire rien, en général."
Leslie, Anglaise, 38 ans

samedi 28 juillet 2007

Les "rondes" de Elle

Un nouveau type de marronnier se profile dans la presse de daube destinée aux femmes. C'est celui de « femme, assume tes rondeurs». Sous-entendu, « Nous les journalistes parisiennes, on nous a assez reproché de faire le jeu des anorexiques, alors on innove, on dit, aimez vos rondeurs ». Bullshit ! Il y a deux ans, ma soeur s'est fait arnaquer. Elle s'est dit : « Ah enfin, je vais voir quelque chose qui me ressemble ». Seulement, les filles sur les photos illustrant ce dossier étaient juste un peu moins squelettes ambulants que les autres. Ça l'a déprimée : « En fait je ne suis pas ronde, je suis GROSSE ! » Quand j'avais vingt ans, mes copines m'avaient regardé de travers lorsque je leur avais dis : « Mon mec aime bien quand je prends du poids, ça fait grossir mes seins. » F., ma copine guyanaise, la plus jolie fille du monde, a pris six kilos l'année dernière. Son connard de mec métro lui a rapporté de France une ceinture électrique pour perdre ses formes. Je lui ai dit : « Change immédiatement ! ». Elle a réussi à le quitter pour retrouver son ex créole (le plus beau mec du monde et le meilleur danseur). Il lui a dit qu'il adorait sa nouvelle silhouette. Les créoles, dont la plupart sont des experts de l'amour, le savent bien : les gros culs et les gros seins, c'est le pied. Fille, ne te fais pas avoir par les canons esthétiques érigés par une bande de stylistes PD. Les hommes qui font la mode n'aiment pas les femmes. Surtout, la prochaine fois que ton copain te demande de faire attention à ta ligne, dis lui de se faire un mec.

mercredi 25 juillet 2007

Escort girl

Je m'appelle Viktoria Mertel et je suis née il y a quatre jours. Je suis grande, mince, et sexy. Mes jambes sont longues, ma poitrine généreuse. Mes yeux sont immenses, mon nez retroussé, ma bouche pulpeuse. Mon corps est un pur produit marketing, tout entier designé pour répondre au désir masculin.

Je m'appelle Viktoria Mertel et je n'ai pas toujours été comme ça. J'ai commencé ma vie dans un corps très banal, habillée d'un jean noir et d'un t-shirt bleu. Je trouvais ça déjà trop moulant, trop sexe, trop conforme aux stéréotypes. Alors je me suis coupée les cheveux à la garçonne. J'ai chaussée des lunettes promotionnelles trouvées chez un opticien. Et je suis allée chercher du travail, croyant dur comme fer qu'un physique pas trop racoleur serait un atout.

Je m'appelle Viktoria Mertel et je suis toute vêtue de blanc. Blancs mes escarpins à talons hauts, blancs mes bas couture qui attirent l'oeil sur le haut de mes cuisses, blanche ma minijupe qui découvre généreusement mon fessier, blanc mon string dentelle laçant ma chute de reins, blanc mon bustier de soie au décolleté plongeant, blancs mes longs gants de résille, blanches les ailes de mon dos nu, blancs mes bijoux scintillants.

Je m'appelle Viktoria Mertel et j'avais décroché un job de commerciale dans une boîte de communication. C'était rémunéré à la commission, 10% par contrat obtenu. Soit 50 à 150 linden dollars pour des heures de prospection, de discussion. Ridicule. Et aucun revenu fixe. Aucune protection sociale. Aucun engagement de la part de l'employeur. Alors je me suis ravisée, et j'ai décidé de changer de voie.

Je m'appelle Viktoria Mertel et je passe mes journées à déambuler devant le Havana Club. Je guette le client. Celui que j'accosterai de mon regard fardé de noir. Celui pour lequel je me déhancherai sur la piste avant d'ôter mes vêtements un à un. Celui que j'embrasserai de ma bouche glossée de sang. Celui que je chevaucherai dans une des backrooms du club pour quelques centaines de linden dollars. Celui dont j'accomplirai les fantasmes les plus inavouables. Celui qui, généreux, me donnera un pourboire que je pourrai mettre en poche sans devoir en reverser la moitié au propriétaire des lieux.

Je m'appelle Viktoria Mertel et j'avais de grands rêves en arrivant ici. Voyager, rencontrer, discuter, apprendre. Naïvement je croyais que dans cette contrée les règles seraient différentes. Que dans le monde virtuel aux limites quasi infinies, on pourrait aller beaucoup plus loin que ça. Mais je sais désormais que si sur Second Life le beau n'est pas un fait de nature, mais un effet de codes informatiques, ça ne change pas grand chose. Car au final, on se retrouve encore une fois dans un univers peuplé de poupées Barbie. Moi la première.

mercredi 18 juillet 2007

Jalousie, piège à connes

Elle s’appelait Agnès, elle était sortie pendant trois semaines avec mon mec qui ne vivait pas dans la même ville que moi. Il m’avait rejointe pour les vacances et je l’avais grillé en trois millisecondes. La belle lui avait laissé un petit mot dans la trousse que j’avais ouvert pour écrire je ne sais quoi pendant qu’il prenait une douche. Je me suis cuitée au whisky, j’en ai bu une bouteille presque d’un coup. J’ai dessaoulé trois jours plus tard pour lui écrire une lettre. A Agnès, pas à mon mec à qui je me contentais de montrer ma face souffreteuse de pauvre petite victime cornue. Je déclarais avec exemples à l’appui « fais ce que tu veux mais sache que mon histoire avec lui est intense, brutale, au-delà de l’humain. Personne au monde ne s’aime comme nous ». Je l’écrasais avec les moyens du bord, j’avais vingt ans, elle aussi.

Plus tard j’ai réfléchi. Enfin ! Après 15 ans de lutte contre la jalousie. Je me suis souvenue de mon amie d’enfance qui voulait toujours faire comme moi mais en mieux, je me suis souvenue de la guerre au lycée à la fac en entreprise entre filles qui se mataient de haut en bas, je me suis souvenue. De Maria que j’ai foutue à la porte parce qu’elle draguait sciemment les mecs qui me plaisaient, de tous ces mecs qui nous encourageaient par leur attitude à poursuivre cette guerre qui jugeaient qui d’entre nous était : mieux, plus belle, plus intelligente, plus rigolote, plus fêtarde. Qui. Je me suis souvenue. Des ravages de la comparaison, de la concurrence, de ton cul est mieux fait que le mien, des couteaux dans le dos de notre meilleure amie, de l’anorexie, la boulimie, du marquage de territoire, des filles qui se bouffent qui mordent qui s’arrachent les yeux. Je me suis souvenue de Merteuil qui tue Tournel. Ouf, dans sa chute elle entraîne aussi Valmont

Sacredieu.

Je me suis souvenue des hommes jaloux qui s’en prennent à leurs femmes, eux, qui les tuent. Qui sont solidaires entre eux, qui se tapotent dans le dos qui tout au plus ne se parlent plus quand vraiment ça ne va plus mais ce sont d’autres thèmes d’autres sujets qui entrent en jeu dans leur conflit. Je me suis souvenue de ce que je pense de la propriété et, douloureusement, de m’être approprié d’un homme de l’avoir contrôlé de m’être emprisonnée toute seule grâce à ma jalousie à ma peur de l’autre femme dans une existence étriquée. J’ai voulu posséder, moi, qui voulait avant tout rester libre, moi qui n’ai jamais cru en l’exclusivité. Puis, je me suis souvenue de ma misogynie. Je me suis vue devenir meuf à mecs en soirée souffrant de ne pas pouvoir en placer une souvent mais, bien, au fond, car souvent la seule, donc ayant passé traversé la sélection, je suis devenue comme eux.

Récemment. Récemment j’ai eu du respect des envies de pousser les autres filles de les encourager de les aimer vraiment dans leurs crises d’hystérie dans leurs difficultés récemment enfin j’ai pu ne plus avoir de mépris que pour les traîtres les arrivistes que pour celles qui ne veulent toujours pas comprendre que la jalousie est un piège à connes et qu’elles feraient bien de s’en débarrasser.

mardi 17 juillet 2007

Tu la cunilingueras comme elle te pipera

ou "un devoir conjugal comme un autre".

C'est quoi, ça? C'est le dernier article du wedding stuff que n'énonce jamais le maire ? C'est le 11ème commandement mis à jour pour enfin faire s'étouffer bures et kippas ? C'est la sourate scoop qui fera tomber du lit la moitié - masculine - de l'Afrique?



Non, ça c'est juste spontanément sorti de l'une d'entre nous à 4 bouteilles moins le quart hier soir, remportant illico l'unanimité; ça résumait impecc pour nous toutes une heure d'échanges, d'une précision scientifique, et convergents, sur la complexité de la jouissance et de la découverte de soi, la rareté des partenaires que votre plaisir intéresse, ... et la haute fréquence des alcoolos qui bandent mou.


Mais ce matin, pour élargir et débourrer - eueuh, peut-être pas tout à fait - le débat : petit sondage, petit appel à témoignages.

Femmes, hommes, jouissez-vous ? Femmes, hommes, comment jouissez-vous? Femmes, hommes, êtes-vous sûr/e que vous le/la faites jouir?

samedi 14 juillet 2007

Survivre dans la jungle domestique

Fille, pour des raisons qui te regardent, tu as décidé de t'installer avec ton mec. Dans le même logement, je veux dire. Très bien. Tu n'ignores pas l'état désastreux des statistiques : les femmes assurent près de 80% du travail ménager, contre 20% pour les hommes. Mais évidemment, te dis-tu, ceci ne nous concerne pas : nous sommes jeunes, beaux, amoureux, et surtout, modernes, loin de moi le spectre de la ménagère aux gants mappa, l'exploitation domestique ne passera pas par moi.

Détrompe-toi, ma grande. Ce n'est pas si simple. Il ne suffit pas d'une conjonction de bonnes volontés pour que ça fonctionne. Il faut se battre. Contre toi, contre lui, contre le système. Et ce y compris si vous avez un accord de principe sur le partage égalitaire des tâches. Car les vieux schémas ont la dent dure, et les voeux pieux sont impuissant à les défaire. D'autant plus que l'inégalité est de prime abord difficilement perceptible, c'est ce qui fait toute son efficacité. Elle ne se présentera pas à toi du jour au lendemain, disant bonjour ici la domination masculine, je suis là pour te pourrir la vie pour te bouffer ton temps pour t'abîmer les mains pour te détruire le dos pour imprimer un rictus de frustration sur ton joli sourire et permettre à ton mec de jouir de plus de liberté et de pouvoir que toi. Non. L'inégalité, elle s'installera progressivement, sournoisement, à coup de petits arrangements et d'avancées invisibles. Et quand elle sera trop flagrante pour que tu puisses l'ignorer, il sera trop tard pour la déloger. Alors agis, et maintenant.

Agir, et de quelle façon ? Je n'ai pas la solution miracle, personne ne l'a. Mais j'ai quand même quelques règles de survie à te livrer, histoire de limiter les dégats. Bien entendu, ces balises sont très subjectives, très liées à mon expérience personnelle. Fille, n'hésite donc pas à les compléter, les corriger, les critiquer.

Principe n°1 : Le travail domestique comme son nom l'indique, est un travail. Ce n'est donc pas un service que tu rends, ni un acte d'amour, ni rien de ce genre. C'est du boulot, point barre. Autrement dit, c'est quelque chose qui te prend du temps et de l'énergie. Et ça, c'est précieux. Donc quand on habite à deux, il n'y a aucune raison d'en faire plus que exactement 50,00 %.

Principe n°2 : Plus il y a de choses à faire et plus tu dois être vigilante. L'accumulation des objets, des surfaces et des enfants te compliquera la tâche, tonton Kaufmann a été suffisamment clair là-dessus. Car si une organisation souple est tenable à deux dans un 9m2 sous les toits, elle l'est beaucoup moins avec trois gamins dans une maison de banlieue avec un jardin et un chien.

Principe n°3 : Le flou et l'imprécision sont tes ennemis. Moins il y aura de règles et plus à la longue les choses tourneront en ta défaveur. N'oublie jamais : les règles sont là pour protéger les plus fragiles, et en la matière, il s'agit de toi. Il est donc absolument nécessaire de mettre en place une organistion précise et détaillée, élaborée sur des critères rigoureux et discutés ensemble. Ce n'est pas de la mesquinerie, c'est de la prévention.

Principe n°4 : Le meilleur critère de répartition est le temps. Une heure par jour, tous les trois jours, ensemble, en même temps, et c'est la garantie d'un parage juste pour tous les deux, sans aucune contestation possible. Autre solution envisageable, plus pratique dans les faits mais beaucoup plus risquée : la répartition par "lots" de tâches à effectuer. Cette dernière option est plus facile à appliquer, mais ne permet pas d'assurer une égalité parfaite, ce qui peut de surcroît générer un sentiment de frustration pour celle ou celui qui, à tort ou à raison, pense en faire plus.

Principe n°5 : Une fois les règles fixées, respecte-les. Si c'est à lui de faire la baignoire et que ça fait un mois qu'il n'y a pas touché, ne lève pas le petit doigt. D'ailleurs il y a des douches dans les piscines municipales, c'est aussi tout à fait pratique pour se laver en cas de salle de bain transformée en nid d'algues. Évidemment, si c'est à lui de nourrir le gamin, et que celui-ci n'a pas dîné depuis trois jours, c'est un peu plus délicat, je te l'accorde. Dans ce cas-là, nourris l'enfant agonisant, mais négocie une contrepartie avant ton intervention (et pas après: c'est beaucoup moins efficace).

Principe n°6 : Le travail domestique a, de par sa nature, tendance à être invisible. La crasse, la poussière, le désordre, tout cela se régénère régulièrement. Donc : ne bosse jamais discrètement, ça ne sert à rien, personne ne s'en rendra compte. Au contraire, ce que tu fais, fais-le de préférence quand tu n'es pas seule, histoire qu'il ait bien conscience du temps que tu y passes. Il ne s'agit pas de faire chier, mais simplement de contribuer à une juste représentation par autrui du volume de travail accompli par toi.

Principe n°7 : Fuis la répartition à la proportionnelle comme la peste. Tu as plus de temps que lui, donc tu pourrais en faire plus ? Non, tu n'as pas plus de temps que lui, tu en as autant : 24 heures par jour, ni plus, ni moins. Et si, par choix ou par obligation, il est à son bureau 12 heures par jours contre 6 pour toi, ça ne change rien. Réfléchis. Soit ta situation est subie, auquel cas le temps qu'il te reste hors du travail, tu dois le consacrer à travailler à l'amélioration de ta condition professionnelle. Soit ta situation est voulue, auquel cas il n'y a aucune raison que tu transformes ta décision de te la couler douce en décision de travailler gratuitement à la maison.

Principe n°8 : Clarifie l'aspect financier des choses. Non seulement il travaille plus que toi à l'extérieur, mais en plus il gagne mieux sa vie ? Il suggère que l'argent qu'il ramène en plus à la maison pourrait avoir pour contrepartie un plus gros travail domestique de ta part ? D'accord, pourquoi pas après tout. Mais à une condition : il te salarie en tant que femme de ménage. Car c'est exactement à cela que ça revient. Si ça vous convient, allez-y. Mais assumez-en les conséquences jusqu'au bout, fiche de paie dans une main et balai-brosse dans l'autre.

Principe n°9 : N'oublie jamais ce que le travail ménager te coûte. Oui, c'est chouette une jolie maison bien rangée, mais est-ce l'essentiel ? Pendant une après-midi de ménage, tu pourrais : lire un livre, t'engueuler avec tes potes sur l'avenir du PS, latter ta meilleure copine à Street Fighter II, t'envoyer en l'air avec ton amant, aller à ton cours de théâtre, te remettre à ce projet de roman qui traîne dans ton tiroir. Et demande-toi bien quel genre de fille tu as envie d'être. Tu veux parler de quoi, avec les gens ? Tu préfères leur raconter comment tu as lavé les rideaux et que la dame du pressing est vraiment très gentille, ou bien leur parler de la vraie vie et du monde ?

Statistiques
- Temps sociaux Hommes / Femmes
- Travail domestique chez les couples bi-actifs
- Le partage des tâches domestiques, noeud des inégalités hommes-femmes, article Le Monde
- Les usages du temps, article Économie & statistique
- Une comparaison France / Belgique
- Une comparaison France / Afrique du Sud / Bénin / Madagascar / Maroc

mardi 10 juillet 2007

La fille du pensionnat

Je suis celle qui va te faire baver. Je suis celle qui va t'en faire baver. Je suis celle qui passe outre les tourniquets du métro, qui sort son trousseau de multiples passes. Qui braque une voiture. Je suis celle que tu trouves au volant de ta caisse. Je suis celle qui te dit de dégager. Tu ne m'entends pas. Tu le regrettes : je sors mon rasoir. Je te tranche l'oreille. Tu pars en faisant kaï kaï. Un vulgaire clébard.


Je suis celle que tu prends en stop, que tu voudrais faire payer en nature. Je suis celle qui te branle. Je suis celle qui te branle si bien que tu lâches le volant de ton camion. Je suis celle qui provoque ton accident. Je suis celle que des crétins croient facile. Je suis celle qui vous casse la gueule. Je suis celle qui ne dit rien dans son coin. Je suis la chef du clan.


Je suis celle qui est défiée par sa concurrente. Je suis celle qui ne dévie pas. Mon adversaire est à moto, en combinaison jaune collante brillante. Elle est sexy. Plus que Brigitte Bardot. C'est une jeune Jackie Brown. Je suis celle à qui elle accorde un délai avant l'affrontement. Le temps que je me venge. Je suis celle qui traite à la loyale avec elle. Je suis celle qui retourne à ses affaires.


Je suis celle qui tend un piège. Avec mes comparses nous l'attirons dans une chambre d'hôtel. Cet imbécile y croit vraiment. Je fais partie de celles qu'il baise. Je fais partie de celles qui écoutent ses âneries. Je suis celle qui les enregistre. Je suis celle qui les diffuse via les haut-parleurs du lycée.


Je suis celle qui se fait emprisonner par les protégées du porc. Je suis celle qui se fait ligoter. Je suis celle qu'on décide de torturer à la franco-américaine. Je suis la crucifiée qui se prend des voltes dans les seins, le sexe. Je suis celle qui a une petite culotte blanche, qui sue, qui souffre. Je suis celle qui est désirable. Je suis celle qui est libérée par sa séduisante rivale. Je suis celle avec qui elle veut un duel. Je suis celle qui doit régler ses comptes avant.


Je suis celle qui pactise avec un fouille-merde. Je suis celle qui les entraîne tous dans une gigantesque partouze. Agrémentée par mes complices. Nous sommes mineures. Je suis de celles qui se font niquer par ces pourris. Je suis de celles qui restent de marbre. Je suis de celles qui ne comprennent pas le plaisir de ces chiens. Je suis celle qui est de mèche avec le photographe. Je suis celle qui va les faire chanter, les écrabouiller, les ruiner.


Je suis celle qui déclenche la révolte. Je suis de celles qui cassent l'école. Je suis de celles qui brisent les vitres, lancent le mobilier par les fenêtres, lacèrent les murs, arrachent les rideaux. Je suis de celles qui montent des barricades. Je suis de celles qui attendent les gardes-mobiles. Je suis celle qui brûle le drapeau national. Je suis celle qui fait tout exploser. Je suis de celles qui sont arrêtées. Je suis de celles qui montent dans le fourgon. Je suis celle qui affrontera sa concurrente en prison.


Je suis celle qui enduit son propre corps de poison. Je suis celle qui te le fait lécher. Je suis celle qui se fait capturer. Je suis celle que l'on enchaîne, fouette dans une église, sous la bienveillance de Dieu. Je suis celle qui est couverte d'ecchymoses, de plaies. Je suis celle qu'on avilie. Je suis celle qui est molestée. Je suis celle qui est furieuse. Je suis celle dont les gouttes de sueur perlent sur le front, coulent sur les lèvres. Je suis celle qui a les seins écrasés par les liens.


Je suis celle qui se bat nue dans la neige, seule contre vingt ennemis. Je suis la fille tatouée. Je suis celle qui te fait baver. Je suis celle qui va t'en faire baver.

lundi 9 juillet 2007

Gonzo salope (en guise d’intro)

Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’en ai marre de vos histoires de couple. De vos déménagements, de vos rideaux neufs, de vos plans de procréation, de vos week-ends chez les beaux-parents, de vos mariages, des teinturiers et des traiteurs, des coiffeurs et des masseurs, de vos dîners à poulet, tartes, fromages et bons vins. Vous ne pouvez vraiment pas savoir à quel point je ne supporte plus. Verres cassés et crises de jalousie, formules miraculeuses qui expliquent ce en quoi et pourquoi votre couple est différent, coups de baguette magique, mais oui, certainement, l’amour durera pour vous toute la vie. Rien à battre, moi, vraiment, je m’en fous, pire, je ne supporte plus et je ne fais pas ma crise d’adolescente, je ne suis pas Bridget Jones. Je ne cherche pas à. Je ne me cache pas derrière un discours auquel je ne crois pas. Non, je ne veux pas. Quand je cause, j’aime m’adresser à des individus. Couples, vous ne répondez plus je, vous dites nous. C’est barbant, croyez-moi. Pire : couples, vous ne comprenez pas qu’on ne veuille pas votre même bonheur. Alors que.

Ce qui n’engage que moi et ce qui est à moitié hors sujet. Car, commençons par le commencement, je vais tout de même vous faire un peu les présentations. Ici siègent quatre filles. A quatre, peut-être à plus dans l’avenir, nous allons écrire raconter vous faire voir que nous prenons avec humour le fait de vivre dans un monde objectivement macho. Chacune son style, chacune ses préoccupations, nos quatre voix seront probablement différentes. Ne nous leurrons pas cependant. Nous sommes quatre filles blanches et relativement jeunes vivant en milieu urbain occidental. Pas de provinciales, ni de banlieusardes, ni d’émigrantes excisées, pas de blacks, pas d’ouvrières. Trois d’entre nous avons des origines mélangées. Trois d’entre nous sommes célibataires (pas forcément les mêmes). Nous avons toutes en revanche un boulot. Rémunéré. Et un certain niveau d’études genre sciences humaines ou sociales. Nous sommes indépendantes et pourtant, parfois, nous ne nous en sortons pas. A cause de ? Des images qu’on plaque, des réflexes, des trucs et des machins. Je n’en sais foutrement rien, mais le fait est là.

Faisons donc avancer le schmilblick, arrêtons un peu les frustrations qui nous clouent tous dans des mondes parallèles. La terre est plate et l’homme est supérieur à la femme, c’est évident (enfin, vous voyez, non ? Personne n’y croit. Nous n’en sommes plus là mais plutôt au : comment se fait-il qu’alors que nous sommes tous convaincus d’être égaux nos discours se croisent, les mecs débandent, les filles attendent, bref, vous voyez non ?). Et moi je dirai JE. Car je ne suis pas scientifique ni experte, ni pas grand-chose d’autre que Je. Les autres parleront comme elles voudront. Je partirai de mon cas précis pour essayer de voir plus loin, avec toutefois et dans la mesure du possible des tonnes de dérision. Je vous dirai même que : célibataire, bac+5, salariée, 34 ans. S’envoyant régulièrement en l’air. Draguant, mettant la main aux fesses des hommes sans problème. Sans désir d’enfant ni (voir plus haut) de vie en couple.

Et comme je dirai je, je me permettrai, par exemple, très prochainement de parler de grosses bites. Car il n’y a rien de mieux. Et c’est là que je vous attendrai ou plutôt, que j’espérerai ne pas avoir à faire à des commentaires niaiseux du style « oh mais non ce qui compte c’est l’amour, peu importe la taille », en général j’attendrai des commentaires éclairés, pas de commérage de café. Nulle contradiction. Si je vous parle de moi ce n’est pas dans un but exhibitionniste et je me tape de vos histoires à vous. Pas de commentaires du style j’ai vécu la même chose mais plutôt « si j’ai vécu la même chose ça veut peut-être dire que ». Ou alors : « je pense ». Car vous pensez un peu, j’imagine…

samedi 7 juillet 2007

Petit lexique mâle du 21ème siècle

La différence avec le siècle d'avant, dans les expressions machos, c'est qu'elles font plus tousser personne : on les entend au grand jour, dans la bouche des hommes, dans celle des femmes. L'autre différence, c'est que pour les filles aussi, elles veulent dire quelque chose. Enfin, grande avancée : une fille découvre pour vous aujourd'hui que ces expressions sont en fait un PUR CLASSEMENT, de 1 à 9 sur l'échelle « mon phallus flippe ».


« Elle est bonne »
C'est un truc muet, coloré et baisable comme une poupée gonflable. Mais en plus, ça fait baver les potes.


« Une femme qu'on épouse »
C'est une poupée qui fait « oui, oui, oui-hi-hi-hiiiiiii », comme un saint-bernard sur une banquette arrière remonté pour 50 ans. Synonyme : « une femme douce » (voir Florence Foresti, « Les filles douées pour la vie à deux »).


« Un plan love »
Les seules fois où un homme entre en « plan love » avec une fille actuelle, une maman/putain, une deux-en-un - un truc inconcevable, quoi -, c'est 9 fois sur 10 un fou possessif qui s'est mis pour challenge de vous « plier », soit un paumé impressionné qui croit avoir trouvé son pilier tous usages – économique, psychologique, affectif, logistique. Epilogue : ils s'étonnent que vous ayez fui ce méga « plan love ».


« Un coup d'un soir »
C'est se retrouver au lit pour un plan à 3 : avec une fille et avec son poireau plein. Pardon, c'est se retrouver avec son poireau plein ET avec une fille au lit – oh le bol. Si en plus la fille sait qu'elle est « un coup d'un soir » - no name, no face-, c'est le super bol. En revanche, si la fille était elle aussi en chasse d'un « coup d'un soir » cette nuit-là, c'est pas du jeu, merde.


« Un plan cul »
C'est du sexe avec une fille. Pour que ça se soit installé en un « plan », cet homme ne s'est pas aperçu que le cul, même le cul pur, chez les femmes, mobilise aussi le ventre, voire plus haut, jusqu'au cerveau, en passant par le coeur. Sinon, on aurait observé un repli illico sur « un coup d'un soir » – ou deux ou trois soirs.


« Une fille qui va s'accrocher »
C'est apparemment quand il s'écoule plus d'une demi-heure entre le moment où le gars passe votre porte et celui où vous vous retrouvez avec lui dans votre lit. Une conversation et un zeste de familiarisation annoncent forcément un « plan love » POUR LA FILLE - horreur. Un autre indice alarmant pour certains est si les baisers et les caresses s'immiscent dans le « plan cul ». Certains appellent encore ça des « préliminaires » (entendre : « une tannée »). Et là aussi, ça pue apparemment le « plan love ». On ne mentionnera même pas l'audace de donner une caresse ou un baiser après qu'IL a joui. Autant le menacer d'une alliance. En clair, respecter votre propre rythme physique, ce n'est pas « votre façon de vivre un plan cul » : c'est subversif.


« Une fille indépendante »
C'est une « fille » que ses parents ont élevée comme un « être humain ». Elle croit basique et universel de rigoler la bouche ouverte, d'avoir un boulot, des amis, des opinions, des préférences, des aspirations, du respect pour celles des autres. Et même pour celles de son amoureux – même pas chiante, la fille? L'OVNI, quoi. Aucune chance.


« Une fille de la trentaine »
C'est quelqu'un qui peut A TOUT MOMENT dégainer l'horloge biologique qu'elle A dans la poche - TOUTES. Mais ça vaut 2 points, quand même. Parce qu'elle baise bien et elle travaille et elle est sexy et elle plaît à mes copains et elle est très occupée et elle a des tas d'amis et je suis pas à la hauteur j'en suis sûr et ...


« Une fille qui fait peur »
Voir « une fille indépendante », mais aussi, donc, de plus en plus, « un coup d'un soir », « un plan cul », et même « une femme qu'on épouse ». Bref, pour celle-ci, langue au chat : 1000€ à celui/celle qui m'explique.

vendredi 29 juin 2007

Toutes des salopes, naturellement

Entendu dans un dîner une discussion entre deux vieux amis évoquant leurs années lycée.

- Tu te rappelles de F., quel fouteur de bordel celui-là, il ne faisait que des conneries.
- Une fois il avait mis la main au cul de la prof de dessin, et elle l'avait même pas puni !
- Ca se trouve, ça fait bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé, et elle était bien contente. (rires)

Remarques personnelles refoulées restées en travers de la gorge parce que le rôle de la fille qui la boucle a encore scellé mes lèvres ce soir-là mais je vous jure on ne m'y reprendra plus :
a) Il est à la fois scandaleux et surtout faux de conclure qu'absence de réaction = accord tacite voire désir. Ce type de raisonnement occulte le fait que l'absence de réaction peut aussi être, tout simplement, l'expression de la surprise et/ou de la panique.
b) Une femme qui est agressée par un homme est toujours une victime (tout comme n'importe quel individu agressé par n'importe quel autre). Si certaines sont capables de réagir et de se défendre correctement, tant mieux, mais pour autant, les autres ne sont pas responsables de ce qui leur arrive.
c) Est-ce que face à un gamin s'étant fait racketter à la sortie de l'école par un plus vieux, sans oser s'en plaindre, on dirait "ah ben ça se trouve, il était bien content de lui filer son blouson" ? Est-ce que face à un étranger ayant subi des insultes racistes sans oser répliquer, on dirait "ah ben ça se trouve, il était bien content de les entendre" ?